Tu dois surement entendre à longueur de temps, « Fais attention ! » ; « Sois un peu plus attentif ! » ; « Tu ne te concentres pas ! » : et souvent ça nous agace, parce qu’on y peut rien, si on arrive pas à se concentrer ! Peut être que tu n’aimes pas la matière sur laquelle tu dois travailler, que tu es découragé(e) car tu n’y comprends rien, ou que tu as bien d’autres choses à pense, parce qu’il t’arrive quelque chose de négatif, ou à l’inverse parce que tu préfèrerais t’amuser ou discuter avec tes amis.

C’est vrai que selon la tâche à faire, selon notre humeur, selon ce qu’il se passe dans notre vie à ce moment, et bien d’autres facteurs encore, il est difficile de contrôler son attention. On ne contrôle pas toujours les émotions ou les envies qui nous passent par la tête.

Mais, rien n’est jamais perdu ! Comme je le dis souvent, il est important de se connaitre soi-même, pour savoir comment on fonctionne et de quoi on a besoin. Ainsi, on peut mettre en place les meilleures stratégies possibles pour essayer de contrôler notre cerveau, qui parfois, fait un peu ce qu’il veut !

Pour arriver à un bon niveau de compréhension de soi-même, il est important d’en savoir un peu plus sur les différents processus qui s’activent dans notre tête. Alors dans cet article, voyons quelques notions sur l’attention.

Commençons par une petite histoire de Rodolfo Llinas, pour illustrer ce que peut être l’attention :

Vous souhaitez entrer dans un magasin, le cerveau. Vous regardez d’abord par la vitrine et apercevez un groupe de vendeurs qui discutent entre eux, les neurones. Il y a déjà de l’activité, de la communication. Vous entrez, et devenez ainsi un nouveau stimulus (une nouvelle information). Les vendeurs continuent de parler entre eux jusqu’à ce que vous vous manifestiez davantage, de façon plus explicite. Un des vendeurs vous regarde alors : vous venez d’obtenir l’attention du cerveau. Si vous dites « je veux acheter… » alors tous les vendeurs dirigent leur attention vers vous, le cerveau est conscient de votre présence. Un des vendeurs décidera de vous accorder toute son attention, tandis que les autres poursuivront leur occupation. De la même manière, les neurones attendent, répondent et décident. 

En pratique, nos capacités d’attention servent à….

  1. Avertir : Quelque chose se passe ! La prof me regarde fixement, quelqu’un vient de crier dans le couloir, ma mère m’appelle, j’entend un grognement d’ours dans la forêt… En bref, n’importe quoi qu’il se passe autour de nous et que nos sens perçoivent. Mais d’ailleurs, vous avez déjà remarqué que parfois, on ne s’aperçoit absolument pas de ce qu’il se passe autour de nous ? C’est le cas lorsque notre attention est déjà totalement mobilisée sur quelque chose. Le cerveau est capable, lorsqu’il est pleinement absorbé par quelque chose, de totalement ignorer ce qu’il se passe autour de lui. Non pas que vos sens ne perçoivent plus rien, mais lors de cette phase d’alerte, votre attention décide que cette nouvelle information n’est pas suffisamment importante pour que vous vous désengager de ce que vous êtes en train de faire. Et çà, c’est vraiment le top ! C’est ici que l’on comprend bien la différence entre « regarder » et « voir ». Les yeux voient ce qu’il se passe, mais c’est le cerveau qui regarde, qui analyse ce que les yeux ont perçu.
  2. Orienter : le corps se réoriente pour se diriger vers la source d’information. Le cerveau prête attention à cette nouvelle information, se désengage de ce qu’il était en train de faire pour se concentrer sur cette nouvelle chose. Différentes raisons peuvent pousser le cerveau à cette seconde étape : je ne suis pas déjà actif, je ne fais rien de particulier, ou alors je suis occupé à quelque chose pour lequel je ne consacre pas beaucoup de mes capacités d’attention, parce que c’est simple, parce que ça ne me semble pas très important, ou peut être parce que ça ne m’intéresse pas… Ou peut être que ce que je viens d’entendre ou percevoir m’alerte d’un potentiel danger (comme un hurlement, une alarme, etc.).
  3. Détecter : repérer ce qui est important et focaliser son attention dessus. Cette troisième étape est très proche de la seconde : on explore cette nouvelle chose, pour confirmer ou non le besoin d’orienter notre attention dessus. Dans l’exemple du danger : quelqu’un cri. Je vais chercher d’où vient ce cri, et pourquoi.
  4. Executer : agir ou réagir à la situation. A ce stade, le cerveau a déterminé si ce qui a attiré son attention nécessite une action supplémentaire. Si ce n’est pas le cas, alors vous réussirez à retourner à votre occupation. Mais si c’est le cas, alors d’autres processus s’enclenchent selon le besoin. L’attention est donc le point de départ de la mise en route de beaucoup d’autres processus et capacités de notre cerveau, et sans elle, il est difficile d’enclencher quoi que ce soit. Et dans le cas des apprentissages, il est difficile d’activer sa mémoire, si notre attention n’est pas focalisée sur la leçon que l’on apprendre. Si à chaque mouche qui passe, les 3 étapes précédentes s’enclenchent, alors il est difficile de réussir à apprendre quelque chose ! On comprend alors que l’attention, ce n’est pas juste de savoir détecter les informations importantes, c’est aussi savoir ignorer ce qui ne l’est pas !

Toutes ces étapes sont aussi valables lorsque l’on effectue une tâche, comme un devoir scolaire par exemple. Dans ce cas là, les signaux qui alertent sont les diverses consignes du devoirs, les indices que l’on peut voir sur les documents, etc. Par exemple : repérer le titre d’un document, une légende, et se demander si les informations contenues nous sont utiles pour répondre à la question. J’ai fréquemment des élèves qui me disent « Oh, mais je n’avais pas vu çà ! ». En réalité, les yeux ont vu, mais le cerveau n’a pas regardé attentivement et ne l’a pas pris en compte. Il a écarté ce stimulus et ne l’a pas traité.

Pour cette raison, le conseil le plus efficace est de chercher à comprendre ses erreurs : qu’est-ce que tu n’avais pas vu ? Qu’est-ce qui t’a induit en erreur ? Grâce à çà, on va pouvoir mettre en place des stratégies pour éviter ces oublis attentionnels.

J’avais par exemple un élève qui, lors des études de documents en histoire, ne repérait jamais les titres et légendes, qui malheureusement fournissent souvent beaucoup d’informations. L’une des stratégies qu’il a mise en place consistait, à chaque début de travail, de commencer par observer attentivement la feuille et mettre en valeur (en entourant ou surlignant) toutes les petites informations cachées sous ou autour des documents. Ainsi, quand il commençait ensuite à lire les questions et observer les documents pour trouver les réponses, il ne manquait pas d’observer les titres et les légendes qui les entourent.

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Voici quelques stratégies de base pour aider à contrôler son attention et être efficace :

  • Décider que c’est le moment de diriger son attention vers une source en particulier.

Prendre conscience que décider d’orienter son attention sur une source est le point de départ indispensable pour s’investir correctement dans une tâche.

  • Savoir quoi faire avec ce que l’on voit, ce que l’on entend.

Découvrir la manière de traiter une information qui nous correspond le plus (construire une image avec ce que j’entends, utiliser des mots pour décrire ce que je vois…) 

  • Traduire les signaux internes et externes en indicateurs de la pertinence ou non de ses actions cognitives.

Faire des comparaisons avec ce que l’on a déjà vu, fait, entendu, afin de décider si notre manière de traiter l’information est correcte, adaptée à la tâche et efficace.

  • Maintenir les informations en mémoire de travail pour rendre possible la combinaison et la mise en relation des informations.

Stocker les informations en mémoire de travail le temps d’effectuer une tâche, d’analyser un stimulus, permet d’effectuer les liens utiles et nécessaires avec ce que nous savons déjà, pour faciliter la résolution d’une tâche. 

  • Avoir recours à son discours interne, le développer pour faciliter le traitement de l’organisation des informations.

Utiliser son langage intérieur est un outil indispensable pour une bonne prise de conscience et ainsi une meilleure mobilisation des processus cognitifs.

  • Savoir quand désengager son attention d’une source particulière pour se recentrer sur une autre information.

S’auto-évaluer afin de s’assurer de notre bon positionnement cognitif, de la pertinence de nos actions et réflexions, et de l’orientation de notre attention sur les bonnes informations. Ce dernier point est très important pour progresser : quand on a des difficultés de concentrations, il est important de prendre le temps de s’auto-évaluer, et de se demander : qu’est-ce qui m’a distrait(e) ? Est-ce que ça en valait la peine ?

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Quelques questions à se poser pour savoir si notre attention à bien fait son travail :

  • Est-ce que j’ai bien regardé partout ?
  • Qu’est-ce que je vois ?
  • Qu’est-ce que j’ai entendu ?
  • Qu’est-ce que cela veut dire ?
  • Qu’est-ce que j’ai compris ?
  • Qu’est-ce qui est important ?
  • Est-ce qu’il y a des indices utiles ?
  • De quoi cela parle-t-il ?
  • Qui pourrait m’aider ?
  • Est-ce que j’ai bien lu la consigne ?
  • Qu’est-ce que je peux mettre ensemble ?
  • Qu’est-ce qui se ressemble ?

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